M. Barbery

Ирина Ачкасова: литературный дневник

Est-ce qu’on peut apprendre ; bien parler et bien ;crire ;
des enfants en faisant de la grammaire s’ils n’ont pas eu cette illumination
que j’ai eue ? Myst;re. En attendant, toutes les Mme Maigre de la terre
devraient plut;t se demander quel morceau de musique il faut qu’elles
passent ; leurs ;l;ves pour qu’ils puissent se mettre en transe
grammaticale.
J’ai donc dit ; Mme Maigre : « Mais pas du tout, c’est totalement
r;ducteur ! » Il y a eu un grand silence dans la classe parce que, d’habitude,
je n’ouvre pas la bouche et parce que j’avais contredit la prof. Elle m’a
regard;e avec surprise puis elle a pris un air mauvais, comme tous les profs
quand ils sentent que le vent tourne au nord et que leur petit cours p;p;re
sur l’adjectif qualificatif ;pith;te pourrait bien se transformer en tribunal
de leurs m;thodes p;dagogiques. « Et qu’en savez-vous, mademoiselle
Josse ? » a-t-elle demand; d’un ton acerbe. Tout le monde retenait son
souffle. Quand la premi;re de la classe n’est pas contente, c’est mauvais
pour le corps enseignant, surtout quand il est bien gras et donc ce matin
c’;tait thriller et jeux du cirque pour le m;me prix : tout le monde
attendait de voir l’issue du combat, qu’on esp;rait bien sanglant.
« Eh bien, ai-je dit, quand on a lu Jakobson, il para;t ;vident que la
grammaire est une fin et pas seulement un but : c’est un acc;s ; la
structure et ; la beaut; de la langue, pas seulement un truc qui sert ; se
d;brouiller en soci;t;. » « Un truc ! Un truc ! » a-t-elle r;p;t; avec des yeux
exorbit;s. « Pour Mlle Josse, la grammaire c’est un truc ! »



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