Странствие

«Le Voyage» 1859 г.
из сб. "Болезненные цветы (Цветы зла)" (1857 – 1861гг.)

              Maxime Du Camp.
I
Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est ;gal ; son vaste app;tit.
Ah! que le monde est grand ; la clart; des lampes!
Aux yeux du souvenir que le monde est petit!
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de d;sirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Ber;ant notre infini sur le fini des mers:
Les uns, joyeux de fuir une patrie inf;me;
D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noy;s dans les yeux d’une femme,
La Circ; tyrannique aux dangereux parfums.
Pour n’;tre pas chang;s en b;tes, ils s’enivrent
D’espace et de lumi;re et de cieux embras;s;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-l; seuls qui partent
Pour partir; coeurs l;gers, semblables aux ballons,
De leur fatalit; jamais ils ne s’;cartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons!
Ceux-l; dont les d;sirs ont la forme des nues,
Et qui r;vent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes volupt;s, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom!
II
Nous imitons, horreur! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds; m;me dans nos sommeils
La Curiosit; nous tourmente et nous roule
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.
Singuli;re fortune o; le but se d;place,
Et, n’;tant nulle part, peut ;tre n’importe o;!
O; l’Homme, dont jamais l’esp;rance n’est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou!
Notre ;me est un trois-m;ts cherchant son Icarie;
Une voix retentit sur le pont: «Ouvre l’oeil!»
Une voix de la hune, ardente et folle, crie:
«Amour… gloire… bonheur!» Enfer! c’est un ;cueil!
Chaque ;lot signal; par l’homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin;
L’Imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu’un r;cif aux clart;s du matin.
; le pauvre amoureux des pays chim;riques!
Faut-il le mettre aux fers, le jeter ; la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d’Am;riques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer?
Tel le vieux vagabond, pi;tinant dans la boue,
R;ve, le nez en l’air, de brillants paradis;
Son oeil ensorcel; d;couvre une Capoue
Partout o; la chandelle illumine un taudis.
III
Etonnants voyageurs! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers!
Montrez-nous les ;crins de vos riches m;moires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’;thers.
Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile!
Faites, pour ;gayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.
Dites, qu’avez-vous vu?
IV
«Nous avons vu des astres
Et des flots, nous avons vu des sables aussi;
Et, malgr; bien des chocs et d’impr;vus d;sastres,
Nous nous sommes souvent ennuy;s, comme ici.
La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cit;s dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos coeurs une ardeur inqui;te
De plonger dans un ciel au reflet all;chant.
Les plus riches cit;s, les plus grands paysages,
Jamais ne contenaient l’attrait myst;rieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le d;sir nous rendait soucieux!
— La jouissance ajoute au d;sir de la force.
D;sir, vieil arbre ; qui le plaisir sert d’engrais,
Cependant que grossit et durcit ton ;corce,
Tes branches veulent voir le soleil de plus pr;s!
Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
Que le cypr;s? — Pourtant nous avons, avec soin,
Cueilli quelques croquis pour votre album vorace
Fr;res qui trouvez beau tout ce qui vient de loin!
Nous avons salu; des idoles ; trompe;
Des tr;nes constell;s de joyaux lumineux;
Des palais ouvrag;s dont la f;erique pompe
Serait pour vos banquiers un r;ve ruineux;
Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse;
Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
Et des jongleurs savants que le serpent caresse.»
V
Et puis, et puis encore?
VI
«; cerveaux enfantins!
Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherch;,
Du haut jusques en bas de l’;chelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l’immortel p;ch;:
La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
Sans rire s’adorant et s’aimant sans d;go;t;
L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’;gout;
Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote;
La f;te qu’assaisonne et parfume le sang;
Le poison du pouvoir ;nervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant;
Plusieurs religions semblables ; la n;tre,
Toutes escaladant le ciel; la Saintet;,
Comme en un lit de plume un d;licat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupt;;
L’Humanit; bavarde, ivre de son g;nie,
Et, folle maintenant comme elle ;tait jadis,
Criant ; Dieu, dans sa furibonde agonie:
»; mon semblable, mon ma;tre, je te maudis!«
Et les moins sots, hardis amants de la D;mence,
Fuyant le grand troupeau parqu; par le Destin,
Et se r;fugiant dans l’opium immense!
— Tel est du globe entier l’;ternel bulletin.»
VII
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage!
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image:
Une oasis d’horreur dans un d;sert d’ennui!
Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste;
Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le Temps! Il est, h;las! des coureurs sans r;pit,
Comme le Juif errant et comme les ap;tres,
; qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce r;tiaire inf;me; il en est d’autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
Lorsque enfin il mettra le pied sur notre ;chine,
Nous pourrons esp;rer et crier: En avant!
De m;me qu’autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fix;s au large et les cheveux au vent,
Nous nous embarquerons sur la mer des T;n;bres
Avec le coeur joyeux d’un jeune passager.
Entendez-vous ces voix charmantes et fun;bres,
Qui chantent: «Par ici vous qui voulez manger
Le Lotus parfum;! c’est ici qu’on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim;
Venez vous enivrer de la douceur ;trange
De cette apr;s-midi qui n’a jamais de fin!»
; l’accent familier nous devinons le spectre;
Nos Pylades l;-bas tendent leurs bras vers nous.
«Pour rafra;chir ton coeur nage vers ton Electre!»
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
VIII
; Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l’ancre!
Ce pays nous ennuie, ; Mort! Appareillons!
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons!
Verse-nous ton poison pour qu’il nous r;conforte!
Nous voulons, tant ce feu nous br;le le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau!
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

                Шарль Бодлер.


                Максиму дю Кану.

               
         Странствие.

               
        Перевод Татьяны Богдановой.

               

                Посвящаю памяти Ивана Ивановича Карабутенко.


                I

Как дороги юнцу эстампы и гравюры,
он зверский аппетит к Вселенной приравнял.
Сколь необъятен мир под лампы абажуром!
Столь в памяти глазах он бесконечно мал!

С утра пораньше в путь с кипящими мозгами,
обижены, в сердцах, желаем поскорей
качаться в ритме волн безбрежными мазками
внутрибереговой поверхности морей.

Одни постылый дом давно покинуть рады;
других гнетёт очаг, а Звездочёты мчат,
чтоб напоить свой вдох Цирцеи ароматом
и утонуть в её безжалостных очах.

Чтоб кары избежать, скотами стать не метя,
пространством и огнём они опьянены,
и лёд, и солнце жгут их до оттенка меди,
чтоб вытравить следы колдуньиной слюны.

Но неподдельны те, что, впрямь, авантюристы,
чьё сердце – лёгкий шар, чей наобум – черёд,
верны своей судьбе, лишь в ней находят пристань,
неведомо зачем всегда кричат: «Вперёд!»

Чья облачная блажь меняет формы в небе,
кто, как призывники, все в пушечном дыму,
их прихоти – мечты о беспредельной неге,
название её неведомо уму.

                II

О, ужас! Мы в прыжках порой подобны шару,
вальсируем волчком – терзает интерес
и не даёт уснуть, он словно Ангел ярый,
стегающий тела небесные, как Бес.

Особая игра, в которой цель подвижна
и, будучи нигде, - лишь руку протяни!
Надежда игрока покинет вместе с жизнью,
расслабиться на миг – безумию сродни!

Трёхмачтовик души – в Икарию наощупь;
где марсовый кричит на мачте горячо:
«Смотрите, вот – Любовь, вот – Счастие… Что - проще?»
И – тут же: «Это – риф! Это – ловушка, чёрт!»

Есть в каждом слове то, что зрит матросик зоркий –
обетованный рай, обещанный Судьбой;
Там Эльдорадо - мир в разнообразье оргий,
разбитый об утёс в лагуне голубой.

Кто в миражи влюблён – тому не стоит верить!
Что ж, в цепи заковать, пустить на корм червям
матроса во хмелю, придумщика Америк?
От небылиц его и глубина черна…

Немолодой клошар, что месит грязь мощами,
мечтает, кверху нос, о Рае впереди;
где сальная свеча лачугу освещает -
в ней Капуя везде, куда ни поглядит.

                III

О, странники мечты! Историй знатных строки
читаются в глазах, бездонных, как моря!
Опубликуйте их, о, дайте их потрогать –
сокровища, как те, что на небе горят.

И мы хотим вояж без паруса и пара!
Тюремную тоску развеять по ветрам,
чтоб видеть мы могли, как на мольберте старом,
картины повестей в обложках дальних стран.

Что видели вы там?

                IV
                «…Парады звёзд нарядных,
волну, златых песков подсолнечную взвесь,
хоть испытаний, бед нам выпало изрядно,
всё тосковали мы, по-прежнему, как здесь.

Величие лучей – волне лиловой трогать,
торжественный закат украсил города –
сердца сжимает грусть, предчувствие, тревога
увязнуть в небесах и сгинуть без следа.

Ни роскошь городов, ни вычурность пейзажей,
как Неземной Чертог привлечь нас не смогли,
его из облаков Творец ваяет влажных,
и жажда манит нас, тревожных, от Земли!

От сладостных утех в мечтах заматереем,
мечты, как старый ствол, питаются земным.
Чем выше ты растёшь, тем ближе к эмпиреям,
упрямо ветви к ним в мольбе вознесены!

Продолжишь ли свой рост, став более живучим,
чем кипарис?.. – Для вас в прожорливый альбом
эскизов привезли – кому Париж наскучил,
всем братьям, кто давно в экзотику влюблён!

Салютовали мы всем идолам Ганеши;
алмазный тронный блеск нас разума лишал;
изысканность дворцов с фонтанами, конечно,
мечтай о них банкир – оставят без гроша;

А облаченья жён, что опьяняют взоры,
их ногти - в тон губам, как цветовой эскиз,
а трюки со змеёй, что обвила жонглёра…»

                V

- А дальше? Что потом?
             
                VI

                «О, детские мозги!
Чтоб основное нам не упустить из вида,
специально не ища, везде - одно и то ж:
бессмертного греха людской, докучный идол.
На роковой шкале кого ты там найдёшь?

Презренную рабу, не знающую срама,
тупую, лишь в себя влюблённую всерьёз,
развратного раба, жестокого тирана,
раба рабы – ручей, что мусором зарос;

и радость палача, и мученика стоны;
и праздник на крови, и пляску на костях;
всевластьем опьянён тиран опустошённый,
народ, влюблённый в хлыст… О, пусть меня простят

религии две-три, как наша, что невежам
всё обещает рай; Святой у них лишь тот,
кто, притворяясь, как периною изнежен,
разлегшись на гвоздях, крича, оргазма ждёт!

Болтливый человек, что дарованье пропил,
помешанный теперь, как некогда давно,
в агонии ярясь, Творцу кричит: «Час пробил,
товарищ!.. Господин! Будь проклят всё равно!»

Кто поумней, смелей – с Деменцией в партнёрстве
бежит от стад людских, чей Жребий – на листе,
чтоб в опиум нырнуть, как в море, в царство мёртвых!
Вот – немощи мирской извечный бюллетень.»

                VII

Познаний горький плод у странствий не отнимешь!
Однообразен мир, сегодня, как вчера –
показывает нам наш неизменный имидж:
страх островка в песках, где царствует хандра!

Что ж - ехать или нет?  Останься, если можешь.
Один, как крот, сидит, другой стремится в путь,
есть бегуны, что мчат без передышки тоже,
чтоб старость обогнать и Время обмануть!

Одни, как Вечный Жид с апостолами - этим
пары и паруса, чтоб убежать - не впрок,
без правил Хронос бьёт трезубцем, ловит в сети;
другие победят, не выйдя за порог.

Когда ж сапог его на позвоночник встанет,
в надежде и в слезах произнесём: «Вперёд!»
Мы отплывали так однажды до Китая,
и волосы – назад, и даль глазам не врёт, -

как юный пассажир, с беспечным сердцем снова
отправимся мы в путь, по морю тьмы – сейчас.
Слышны ли голоса? В них музыкою - слово:
«Кто возжелал - сюда! Он подоспел для вас –

наш вечный урожай – Благоуханный Лотос,
чудесные плоды насытят вам сердца,
пить сладостно мечты не пожалейте глоток
с сегодняшнего дня, ведь нет ему конца!»

Мы делаем акцент на пресловутом спектре;
Пилады ветви рук всё тянут к нам из тьмы.
«Чтоб сердце освежить – плыви к своей Электре!» -
пропела та, кому лобзали ноги мы.

                VIII

Смерть, старый капитан! Давай поднимем якорь!
Ставь парус поскорей! Жить скучно при гербе!
Пусть море, небеса черней чернил, но, всяко,
полны лучей сердца, известные тебе!

Налей же нам свой яд, пусть утолит он жажду!
Столь многого хотим, что взорван мозг опять,
нырнём на дно без дна, Ад или Рай – неважно.
В неведомую глубь, чтоб новое узнать!


Рецензии
Снимаю шляпу!

Вадим Константинов 2   24.12.2025 14:42     Заявить о нарушении
Кланяюсь с удовольствием!)
Благодарю!

Татьяна Богданова Аксенова   24.12.2025 15:30   Заявить о нарушении