Les arondes du temps

La-haut, de longs nuages blancs, oblongs, un peu gris dans le fond, fatigues, couvraient une grande partie de l’azur, comme pour amortir la chute, l’humeur du temps.
Le vent soufflait, dessinait dans les pres des ondes vertes et blondes, une chevelure.
Ca et la, des bouquets colores, jaunes, violets tangaient, dansaient au rythme de l’ete.
Dans le ciel, les hirondelles fusaient, en-haut, en bas ! Tantot a gauche, tantot a droite ! En rondes grisantes, a a en faire hennir la tete!
Et la memoire, « jetee au bleu » des ailes passageres, deriva la ou l’emporte la danse, de chance ou d’errance? Personne ne sait comment…
Vers d’autres etes, d’autres cotes familieres, absentes, et pourtant parfois si presentes…

Par les sentes des ondes, je revois Eprave, mon pere, ma mere, mes freres : emoi ! Epris dans l’unique felicite d’une histoire tragique, quand nous etions une famille vous et moi.

Le temps coule comme la vie, monotone et souffrante, mais l’hirondelle, sous le souffle, vire de plus belle ! Ouf ! Le regard chancelle, m’emmene plus haut, plus loin… ou les clochers millenaires se dressent encore sous le ciel, sonnent toujours en fin de semaine au matin, nous appellent, en chanson pour une nouvelle transhumance...

Du haut de la colline, sous les nuages qui courent, mon epouse et moi, admirons la plaine, la verdure dociles, bercees par les vagues fideles du vent, puissantes, tranquilles.

Soudain, l’hirondelle pousse un cri acere. Au-dela de l’espace, comme une morsure,un poison, s’amasse une grisaille sans nom, venu d’un sombre passe, d’un present vorace... Je me retrouve dans le meme corps a me battre encore contre le deni, l’ignorance, la mechancete, les mots insenses.
De ma prison de chair, du coin de la lucarne, a l’aube de la nuit, mon regard cherche la lumiere parmi les cris des oiseaux qui se perdent et s’enfuient…

Dans le tumulte, ca et la, des oreilles bouclees apparaissent, disparaissent, Rosik et Kira sautent, s’amusent, tels les boutons d’une flute enchantee!
Malgre les fortes bourrasques, au son des plantes sous les pattes, malgre les parfums en eclats, toujours ils trouvent la route, me debusquent d’un air guilleret : nous sommes la avec toi! Cote que coute ! A tes cotes!

Les arondes virevoltent, tournent autour de deux arbres vivaces plantes fermement dans le sol, d’ou s’echappent en banderoles loquaces des melodies en « re » ! Qui malgre l’epoque et ses « symfolies » majeures, contre toutes attentes, pleines de vie, decidees et fermes tel le roc, s’affairent toujours a construire un nid!

Emerveille, je regarde la scene. O Dieu ! Que c’est beau ! En cete periode de ma vie, ce moment… Un veritable pain beni…

D’ou viens-je ? Quel est mon pays ?
Je ne suis rien, ni personne, si inutile.
Juste une mouette aux ailes brisees revenue au berceau de ses quelques ancetres.
Mon tresor est la ou est mon coeur, dans ce collier de perles que je j’essaie d’enfiler, de composer, dans chaque instant, chaque endroit ou la grace sembla me toucher quelques fois, comme un defi, un baume au mal.

"Les humbles heriteront de la terre", et quelque soit les humeurs du temps, meme si cela parait naif, je crois que Dieu sera toujours avec ceux qui, sous Son aile, veulent la cultiver. 
Je remercie Dieu, mes amis et ennemis, car sans eux, je n’aurais pu gouter a ces instants de providence ephemere.
 
Ma vie est une longue maladie avec des moments de repit, ma mamoire disparait. Peut-etre que rien ne pourra arreter cela ; suis-je Dieu pour le savoir ? Mais j’espere que mon ame subsistera pour vivre de tels moments de joie.

Спаси Господи, люди Твоя, и благослови достояные Твое.


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