Notes d automne

Quel age-avez-vous ? Etes-vous jeune ? Ou vieux ? Ou entre les deux ?
Et moi ? Oui… Ou suis-je dans le temps ? Le temps, l’espace, le corps ne se cotoient-ils pas ? Ne vont-ils pas ensemble ? Qu’est-ce qui vit dans tout cela ? N’est-ce pas l’ame ? Aussi, pour repondre a votre question le plus sincerement possible, sans laisser personne de cote : ni le corps, ni le temps, ni l’espace, laissez-moi dire ceci...

J’etais assis sur un banc, dans un parc, en automne. si fatigue…  l' esprit si lourd… Un vent leger se mit a souffler. J’ouvris les yeux, regardai vers le haut pour chercher d’ou il venait… ce phenomene naturel insaisissable qui rappelle l amour. Et je vis dans la grisaille - un arbre - couvert d’un beau feuillage orange, semblable a celui du ciel quand le soleil se couche. Quand tout est pastel et passe dans un present presqu absent, un peu de chaleur, meme de couleur, cela fait du bien…

L’arbre etait un peu degarni, mais il avait encore fiere allure ! Il avait assez de charme pour attirer les oiseaux qui venaient s’y poser, se reposer sur les branches solides, le remerciant par des airs frais et candides.

Il se mit a nouveau a souffler… La-haut, une feuille balancait, a regret, refusant de partir…
Tel le baiser d’un traitre, hypocrite qui blesse, il me piqua la joue ! Mes paupieres se plisserent un instant et dans le tremblement, douloureusement, les souvenirs se frayerent un passage au travers, surgirent et tomberent, un peu comme cette feuille, et tant d’autres feuilles, comme un orage, une longue hemorragie, l’un apres l’autre… Il se tut.

Soudain, l auquilon repris de plus belle ! Emportant les pauvres orphelines, les emmena danser au rythme de bourrasques fantasques, sans rimes ! Elles volaient, tournoyaient en rondes farandoles, passageres de montagnes russes, immaterielles mais si reelles, pussent-elles embrasser le ciel ! Fleurter avec les cimes ! Me donnant des hauts et des ha, loin des maux, des vicissitudes d’ici-bas. Souvenirs et rires d’une autre epoque, ou le seul brouillard etait celui d’un vin guilleret, d’une couperosee sur les joues qui se moque de tout, d’une amourette enjouee qui se baladait main dans la main sur une plage, perdue dans la vie...
Les annees damnees passaient, repassaient, trepasserent, et apres un dur labeur poussa comme un muguet a la place!  Fragrances de pins en juillet, d’epiceas dans l existence - une eglise en bois a Viritse - chatoient dans la memoire, chassent la maladie, pain beni, encens d esperance.

Le vent se tait a nouveau.

Ici, toujours seul dans ce corps, par ce temps de linceul, qui enrobe la riviere de nuit, je suis, demeure - coince - dans ce soupir de vie.

Je sais, c’est curieux : comment les choses, ces petits bourgeons peuvent grandir et changer sur la palette du devenir: verts, puis oranges et puis jaunes, et s’evanouissent presque sans bruit dans l’oublis du monde qui les comptait, plus loin, foulees a ses pieds: brunes, sombres et seches - elle craquent. Quelle importance...

Et plus etrange encore, comment la pensee s’envole, voyage, prend place a bord de ces nacelles legeres, ephemeres, et tanguent, exsangues, se decrochent,  rebelles ou resignees, c’est selon, mais elles – si lourdement, sans raison... Faut-il avoir tenu a la vie…

Quel est mon age ? Peut-etre celui d’un automne sans printemps, sans avoir vraiment ete… En tout cas, plus celui de te seduire. Et si je te quitte, toi, le personnage passe, le passant du sacre, ce ne sera pas comme la feuille – a regret. 

Pourtant, ce n est pas faute d avoir essaye, de m etre arrete pres de toi, pour te tendre la main, ou souffrant, pour te la demander, ce n est pas faute d avoir prie. La rencontre n'a pas eu lieu. Les anges, lesquels? approchent, je m en remets a Dieu.. Qu Il aie pitie de toi et moi.

... ... ...

Ecrit en compagnie de "Automne" de Piotr Ilitch Tchaikovsky

30.10.21


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