Un dimanche sans nouvelles?
Apres la liturgie, je fais le tour des icones et des Saints que je connais. Que Dieu m eclaire le chemin... Devant Saint Elie, la pensee est de s adresser a la Mere de Dieu. Elle aussi a vu son fils souffrir. La mienne est morte, la Mere de Dieu sait mieux que quiconque ce que c est.
Apres la liturgie - un bapteme. J y assiste. C est beau et les anges descendent du Ciel pour l enfant.
Je suis epuise, je ferme les yeux, et je prie pour le nouveau ne. Dans l obscurite, legerement, les fenetres, les icones s eclairent. Du ciel tombent deux jets de lumiere autour du baptise.
Qui suis-je pour voir sans mes yeux, meme mal, de telles choses? Moi, le pecheur malade, envahi par la souffrance, l humiliation et l offense qui me salissent en orgies virtuelles? Peut-etre mon imagination...
Le parrain eprouve un malaise, perd connaissance. Autour de lui, tout le monde s affaire! Les femmes paniquent, cherchent le numero des urgences. Je le donne. Ereinte, je me dis encore un cas de diabete...
Gloire a Dieu! Il revient a lui et les esprits se calment. Heureux soit-il, comme il est entoure, aide et aime!
Je m enquiers aupres du starosta au sujet du pretre precedent. Il est tombe malade. Tiens, je lui avais dit de faire attention.
Avec sa maladie vacille mon espoir de trouver un medecin. Tant de temps a passe depuis ma demande, il ne m a toujours rien transmis, mais il faut prier pour lui. Je me retrouve bloque dans mon pays sans soins en pleine pandemie et les conges de mon epouse courrent deja... Ma sante ne cesse de pericliter et mon espoir aussi. Nous ne sommes plus vus depuis deux ans maintenant. Depuis deux ans, je n ai ressenti une embrassade ne serait-ce qu amicale. Et elle aussi souffre beaucoup de cela.
Ma tete et ma nuque me font si mal... Je suis si fatigue. Je m assieds a moitie endormi, je prie.
Autour de moi, j entends des pas, de la vie, mais personne pour venir a moi. Je m endors un instant, me reveille, et seul, je repars avec a l idee qu il me faut aussi lutter contre le peche d envie.
Un peu regaillardi mais toujours fatigue et en soif d espoir. Je me rends a la paroisse polonaise. Peut-etre est-elle encore ouverte? J arrive, les portes sont closes. Il commence a fortement pleuvoir et puis la nature se calme. J'entreprends le tour de l etang pour me raffraichir, degourdir les jambes.
A l approche du ruisseau, une forte puanteur se degage. Je continue et entame la priere. Deception, quelques mauvais souvenirs et revient l offense. Je regarde les oiseaux nager et voler, les benis, et reve de delivrance. Une fois a la voiture, l ancien cure de l eglise sort et me lance un regard de suspicion. Le guano est ramolli sur le capot. Profitant de la pluie, je lave la fiente; il est temps de partir.
Je rentre dans un etat de zombie et comme une plante je regarde a moitie un film ininteressant. Pulsion de pensee, je jette une poesie ou deux.
Enkilose, je n en peux plus et gagne la chambre.
Fond de nausee, fond de cepaphalee et fatigue, d articultations incendiees. Il a plu, il fait humide, et les acariens defequent sur ma peau qui rugit et rougit.
Sur ma litiere, une lourde dalle s apesantit sur moi, je sombre dans le sommeil.
Je me reveille, il fait nuit.
A travers la fenetre, dans l obscurite se detachent des petits rectangles lumineux venant des appartements d en face.
Je pense a la poesie, a eux... Comment comprendre qu'elle puisse naitre dans un tel corps? Je m endors a nouveau.
Dans un paysage de solitude et de grissaille - une clairiere.
La se dresse un grand arbre sec, aux branches fines et noueuses, presque nu.
Ca et la sur son ecorce grise bourgeonnent des flameches comme des bulbes, semblables a celles que l on voit parfois balancer devant les icones.
Alors, chose improbable, l arbre sans feuillage prend un air de Noel, repand dans l atmosphere un peu de douceur, un arriere-gout de miel.
Mais le climat n est pas bon, le vent souffle et s evanouissent les belles boules, etincelles.
L arbre soupire, et soudain une blancheur perce le brouillard. Le tronc de l arbre s ecaffe et de sa moelle epiniere s echappe, telle une nuee de lucioles qui s eleve vers la lucarne pour elle entrouverte - le Ciel!
Au pied de l arbre, je vois des medicaments entasses, des produits chimiques, des bidons eventres. Gisent la des revues scientifiques sur les virus, les maladies auto-immunes et des rapports maquilles. Il y aussi des albums de famille, d autres souvenirs, des histoires tragiques et tant de mechancete.
Tout ce qui empeche une graine de donner de bons fruits. Tout ce qui empeche un arbre de s epanouir, d abriter la vie. Et me voici, j ecris...
Saint Seraphin de Sarov, prie pour moi, que je puisse a nouveau me repaitre des fragrances vivifiantes d epiceas et d ecorce chaude dans ta sainte foret. Sinon sur terre, outre la tombe...
Mon epouse, merci pour tes prieres.
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