Les vrais braves, plaine de tristesse

Apres une journee tres eprouvante de douleurs, de deception de confusion, je decidai de prendre le chemin le plus court, qui est a la fois le plus long dans le temps, pour eviter le stress et la monotonie des autoroutes, ou defile le bitume, les poteaux anonymes, comme ma vie a leurs yeux.
Oui, gouter au charme des routes de campagne... a leur suite innattendue apres un virage... Un paysage neuf, inconnu... Qui recele ce je ne sais quoi de merveilleux, d insolite, et de personnel aussi... Un peu de vie, d humanite... Comme une partie de moi-meme ignoree, niee, qui enfin trouve un regard.

Je m arretai dans cette plaine de champs a perte de vue... Si reposant dans ma vie etroite, emprisonnee par le formalisme, l administration, l air du temps...
J apercus ce monument aux morts de la premiere guerre mondiale, perdu dans l etendue, seul comme moi.
Epuise par la bronchoscopie, par le manque de sommeil, par leurs incoherences, leur propre fatigue, je decidai de m arreter, d humer l air spacieux, et frais aussi, printannier, et de prier.
Je sentis en mon ame une grande affinite avec ce monument, avec ces 9 soldats morts au combat; curieusement, oui curieusement, car en ce qui me concerne, je n ai aucune utilite, je n ai defendu personne si ce n est que j ai essaye: essaye de survivre, essaye de reveiller des coeurs en repetant: "Regardez! Mais regardez donc! La, des personnes humaines souffrent! Mais reveillez-vous". Toujours dans le desert... Comme cet endroit perdu et vaste dans mon pays minuscule ou l on ne se voit plus.
Oui, curieusement, curieusement, et je l avoue, un peu honteusement, je sentis une grande proximite avec ce mounument, avec ces soldats oublies, comme moi... Presque personne ne vient leurs rendre visite, si ce n est parce que la route est touristique et que cela ferait mauvais genre que de n y mettre un drapeau. L administration veut montrer qu il y a du respect. Mais qui s arrete pour poser des fleurs`? Et de nos jours, qui s arrete pour y prier?
Aussi, pour moi-meme, je l avoue, mais aussi pour eux, je m arretai la, je priai pour que la voix d un inconnu retentisse jusqu au ciel pour rendre hommage a leur bravoure, pour que Dieu entende encore plus nettement la voix de tous ceux qui sont dans le desert, et le desarroi de ces ames braves et courageuses qui ont donne leur vie pour des valeurs: leur famille, la liberte, ne ce serait que physique car on ne peut dans ce monde imposer le choix du bien, et aussi pour Dieu, pour Son ideal de paix, qui traverse les Eglises; oui, un ideal qui est inscrit dans le coeur de l homme par Dieu, au-dela du mirage de notre realite - si mensongere.
La, dans une plaine de solitude, devant ces authentiques braves, je ressentis dans le torrent infernal de cette noire journee, un sentiment d eternite.
, et j entendis leur voix de tristesse pleurer: "Belgique, qu es-tu devenue?"

Qu ils daignent me pardonner.
 

Juste un fragment de ma vie sans importance. 


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