Le champ de ruines

Ton regard percant tel l’aigle sonde
Tu reveres dans tes poemes la douceur
Mais dans tes yeux la durete abonde
Tes mots tairaient-ils un malheur?

Tu proclames les bienfaits de l’Eglise
Comme toi, je prie chaque jour pour Elle
Sans Elle, l’homme serait dans la mouise
Quelle soit d’amour en Dieu, eternelle

Elle renait dans la douleur, les ruines
Arrosee de la sueur des fideles - rosee
Fervente, odorante, feconde et sanguine
Abreuve terre noire et Ciel de volonte

Et poussent dans le sol grave, humide
Des fleurs aux parfums exquis, oublies
Qui ravissent au mal la purete candide
L’espoir des enfants de Dieu, mutiles
 
… … …

Sous le soleil sombrent aussi des nuages
Des pensees et des reves a l’eau de rose
Sirupeuses, vaines, veneneuses, non sages
Des sottises enflent a l’oeil en mycose

Aveuglent les croyants de credulite :
Les pasteurs, des statues, des idoles
Tous dignes, magnanimes, en verite
Leurs reflexions telles la Sainte Parole:
A entendre, a boire, sans moderation
Pour oser esperer obtenir l’absolution

… … …

Sous le soleil, il y a aussi la sueur
Qui coule des fronts en perdition :
Manipuler, cacher sous la grandeur,
D’un habit, de la Sainte Institution :
Leur vil et ignoble secret de noirceur

Sur le coeur de paroissiens degouline
Non telles des gouttes d’eau benites
Mais acre et acide comme l'urine
Leurs machinations qui Dieu irritent,
Et poussent l’ignorant dans l’abime

… … …

Gloire a Dieu ! Il n’en est pas ainsi partout !
Il y aussi des ruisseaux chantant et si doux !

… … …

Mais a l’enthousiasme et aux lunettes roses
Je prefere la realite amere et meme morose

Si la foi est une fragrance cherubine
Un encens qui s’eleve jusqu’aux Cieux
Embaume, ravit Ses divines narines
Nos clercs TOUS des etres merveilleux?

Si l’Eglise est comme un bouquet de fleurs,
Offert chaque semaine a notre bon Seigneur
Je sais que la tige cache aussi des epines
Sous le clocher, pas l amour qui culmine...

… … …

Frere, j’admire ta foi, ta retenue, ton endurance
Mais je vois aussi dans l’obscurite du silence
Non pas l’humilite, mais une grande vacance...

Quand tu offres une rose a une femme,
Ne prends-tu soin d’en enlever les epines ?
Faute de quoi, ne le diras-tu pas a la dame ?
Pour eviter le sang, les piqures chagrines ?

Si j’avais su que le beau bouquet ici et present
Cachait des lames tranchantes comme le scalpel
J’aurais au moins pris soin de mettre des gants
Et tu n’entendrais pas ma funebre ritournelle…

Si j’avais su que la foi demeurait en ruine
Mon oraison ne gronderait pas maintenant
Tu n’aurais pas a t’offusquer de mes lignes

A l’ombre des coupoles hautes et belles
Se dressent aussi des rangees de poubelles
Des dalles et des ames victimes de drames,
Familles ou sourdent des flots de larmes

Si j’avais su …
Ce n’est pas son cercueil que j’aurais du porter
Les fleurs blanches dont nous garnissons sa tombe,
De joie, c'est elle qui nous les aurait donnees

Je suis pecheur, mais je ne veux pas de cette humilite
Celle qui consiste a se taire devant les pires atrocites
Au mirage meurtrier, je prefere le cadeau de la sincerite

Oui, parfois mon offense renait, tu as raison, c’est vrai !
Mais quand on se tait, c’est la tombe d’autres que l’on fait

A quoi bon la sueur, le sang des fideles ?
Si on laisse faire, leur donne des ailes?

... ... ...

Que Dieu aie pitie de ma stupide credulite...
Qu Il inspire son authentique, seule et unique Eglise
Nous affermisse pour oter ces noirceurs viperines
Qu Il attise notre desir de nettoyer nos sales chemises
Des visages blemes essuyer les larmes chagrines

Je crois toujours en l orthodoxie
Si moi - si faible - j ai pu endurer cela
Malgre tout, contre tout, ai garde la foi
Toi, plus fort, tu le peux aussi

Cette foi, c est a Lui que je la dois

Et aussi valetudinaire soit notre Eglise
La Bible, c est Elle qui nous L a transmise!

Non cette foule de dissidences, tristes rejetons
Qui coupent le Corps du Christ comme un saucisson!

Ce n'est pas de moi, mais de Saint Jean l apotre - Son favori:

"20 Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, 21 afin que tous soient un, comme toi, P;re, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoye."

Aussi dure soit l offense, ne fuyons pas vers l heresie
Le Corps du Christ, c est aussi notre pain, notre vie
Si nous partons, comment le monde pourra croire en Lui?


---------------

Hier, c etait le jour des defunts, je ne le savais pas, et aujourd'hui, ce poeme est ne

Evidemment, le but n est pas la destruction de l Eglise, mais proner la sincerite pour moins d illusions, de soouffrances: un homme avise en vaut deux. La naivete est aussi un peche.

Les problemes existent depuis le debut.
Autant sommes-nous pecheurs que l Eglise n est pas encore bien sur ses pieds.
Comment pourrait-il en etre autrement apres 2000 ans, le communisme et dans le capitalisme?

Comme ecrit plus tot, il est plus facile de batir des temples que de rebatir la foi, et en attendant la renaissance, notre sort est de verifier ce que nous entendons, lisons.