Le bon dos et Noel

1

Heritage familial, lombaires sacrees
Les deux jambes enrobees d albatre,
Croissance inconstante, talons feles,
Dans l air printannier, dans le platre,

Claudique, couac, revenant de l ecole,
Clic, clac, crac, plus loin il caracole

Depuis l arret - encore deux kilometres - jusqu a la maison!

Les annees passent ...
Les livres s entassent

La mode tombe dans l inutile
Le poids du cartable versatile
Balance de gauche a droite
Autour de la tete maladroite

Et les memes kilometres mais avec d autres chaussons!

Fierte familiale, l excellence par le sport!
Peu de sorties et beaucoup de sacrifices
A chaque jour son lot de sueur et d efforts
He! Oh! Il jubile, la foule admire ses fils!

L adolescence passe ...
Le dos s encrasse ...

Scoliose, hyperlordose ...
Maux de dos, machin-chose
Non, ce n est pas tout rose ...

L age arrive en automne et resonne la triste oraison ... 

La parcelle du beau-pere, il faut bien la nettoyer
Et l appartement "du" pere, il faut bien le renover
Et les courses et le menage et encore toujours porter!

Les os croulent sous le poids, l arthrose, se crevassent!

Cruralgie ...
Douleurs a repetition,
Les pilules pullulent,
Mesotherapies, injections
Dans la vie, il deambule
Sans famille ...

Et c est sur son dos que le sucre se casse ...

Mais de me souvenir de ce pauvre Slawomir,
Avec son coeur malade, sa folie, dans la nuit
Qui sans toit, seul sous la pluie - soupire 
Non, je ne devrais pas me plaindre de la vie

2.

3.


Dans le chaos abrutissant des klaxons, des sirenes, le temps d un instant hors champs, je percois comme un echo, un air discret, comme une vague dans la brume qui au vent d amertume mugit ...

Perdu dans le temps, que faire du temps?
Que le monde m envie tant
Temps, qui lui manque - si cruellement

Sinon de chercher la Parole criant dans ce desert, tenter d aplanir mes chemins,  chercher le souffle quotidien, qui des l aube jusqu au matin, me maintient en vie

Peut-etre, trouverai-je un remede a ma "nevralvie" qui se dissout en bulles d aspirine, vaine et chagrine ...

Ainsi, le pecheur febrile prive de discipline que je suis, prie et cherche comme il peut dans l ennui, les perles tapies dans la solitude infinie   

Le temps passe, je chemine, scrute parfois le firmament, esperant que de Lui tombe, s egraine un peu de Ciel, Sagesse, manne cherubine

Prieres, tumulte, evenements, impressions s associent par de-la le temps, en absence, saisies et inserees dans la mouvance de l instant

Rebelle, je cherche, traduis, exprime, mais la pensee capricieuse, au creux d un tournant, tangente, se courbe dans le temps, s envole, s evade a tire d ailes, vers des cieux mysterieux - docile ... 

"Enfant, petit homme, petit ane - tetu - qui ronchonne
Crois-tu que tu pourras si facilement gagner ta couronne?

Errances familiales, societales, mais aussi personnelles
Souviens-toi, toi qui peines, Il est doux, humble de coeur!
Acceptes et tu sentiras que tes journees aussi sont belles
Et petit a petit dans la vie, tu verras grandir le bonheur!

Quand tes yeux de larmes ou de fatigue se brouillent,
Que tout autour, le jour devient confus et s embrouille
Ferme les paupieres, entonne une priere silencieuse
Aies-foi! Confiance! Il te tendra une main heureuse"

Ecume le murmure de l ange dans un bruissement de vague qui s enfuit ...

Rien de neuf, mais un sensible rappel, paisible, avant-gout de Noel!


4.


Le temps passe, mais la douleur de chair ou de memoire, phare severe dans le noir, toise la mer grise et ravine, assombrit l esprit, l engloutit - ici les tenebres dominent!

Le Colosse de fer infernal - l ennemi a combattre!

Mais ... l esprit malhabile pris dans un fragile corps d argile

Sans sel, sans energie, comment donc le battre?


Lombalgie en chasse! A coups de couteaux, me piege, me fixe sur place!

Accouphene affamee scie la pensee, suintent les blessures, sang-sue suce le sang de l esprit hemophyle, susurre a mon coeur ampute de moitie, la meme langueur, la meme brulure et le desir de l oubli

Je plonge dans la page blanche et vide, me noie dans les flots beants et avides, d une etrange prose et bien etanche, sous vide et sans bruits

Le poison capiteux se dissout, je dessoule, il s evapore dans la nasse ...

Je baigne, nage avec mon amante jalouse, la solitude sans partage, en eaux troubles, seul dans son sillage, peche dans les profondeurs de mon etre, les precieux coquillages, ecrins de nacre, qui sous un reflet arc-enc-ciel, recele des perles fines, essentielles, elixir rare et naturel, au spleen insidieux et mortel - la serotonine - diffuse peu a peu ses vertus, l esprit remue, bouge et vit!

Pendant des heures, sous les vagues, de rivage en rivage, comme une carpe, sans jamais voir une plage, j en oubliais le decors et mon enveloppe ...

Quand soudain gronde la menace
Tapie, surgit en trombe des flots! 
Un cachalot immense, feroce et vorace!

Crie! Hurle! A ma face en le maux - Glycemie! 

Tremblant en sueur devant elle, je capitule et m incline sans faire de zele ...
Heureux de pouvoir a nouveau penser, je me rends, pieux, sans un mot, a la cuisine avec elle sans contester.

Puisse Dieu me debarasser d elle.   


5.


J attends, desespere, et je ne Te vois pas
Mes yeux sont ouverts, mais je ne vois pas

Cependant ...

Au-dela des apparences - inaccessible
Il tisse fin, tire des fils invisibles ...

Et ...

Aujourd hui, une etincelle! Youpie! Bonne nouvelle!
Le 24 decembre, un beau scanner avec infiltration!
A l hopital Saint Joseph, cadeau juste avant Noel!
Des fetes sans claudiquer, douleurs et lamentations! 

Merci a Toi! O! Pere de la Nativite!
Pour ce present, ce bout de ficelle
Rafistole, soulage - debout - je prierai!
Dormirai a l abri, sous l arbre de Noel

...

Seigneur, tu connais ma nature trop sensible, excessive.
Tu sais combien parfois mon ame s emporte et chavire sans Toi.
Sous le poids, tous ces poids et les leurs et le mien, je sombre dans le corps, la tristesse, le tragique ...
Aussi, te demanderai-je a l avance de me pardonner, et de m aider a traverser Ta nuit, oh douce nuit ... de m aider a retenir les soupirs de mon coeur separe de sa moitie, loin dans une autre nuit, loin de ma tendre epouse.

Aies aussi pitie des sans-abris, bien moins lotis que moi, sans refuge, perdus de vue dans la vie, cent fois, mille fois, a la rue, seuls, dans la ville, et qui peinent, hors d haleine, butent sur tout, courbes, sans issue - sans foi ...

Puisse Ton Esprit, qui emplit tout, partout present, nous reunir - doux - en Ton Corps a jamais vivant - toujours eternel.

Un ane ...


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