Под большим серым небом... по серой степи... посвя

Наташа Тэпо
посвящение Бодлеру...
Chacun sa chimere
"Le Spleen de Paris"
Repris en 1864 sous le titre Petits poemes en prose
traduction russe Natacha Thepaut

Под большим серым небом...по серой степи...
без дорог и без троп...
без цветов и могил...
словно черная нить..Полз змеею  эскорт...
шаг за шагом...вперед ...
Топчат пыль сапоги.
Этот сгорбленный марш.
Под свинцовостью дня.
И под тяжестью груза...
из черных химер...
Что сидели упрямо у них на плечах..
погоняя и скалясь
Неполной луне...
И на шее верхом эта мерзская тварь...
обвивала им грудь...и сжимала сердца...
Положив свою морду на темя...и лоб...
прикрывала лицо
Словно каска бойца...
ее мертвая хватка
щетинистый щит...
Придавала...рабу угрощающий вид...

Под большим серым небом на серой степи...
я спросил одного...
Так куда ж он идет...
Он сказал что не знает...
но знает одно...
свою вечную силу движенья вперед...
Что никто не нарушит  молчанья печать...
И никто не посмеет химеру стряхнуть..
Эта гнусная тварь его участь и часть...
он идет...она знает где правильный путь...
Она в сердце живет и беги не беги...
она душит сжимает и давит во тьме
без дорог...и без троп...без цветов и могил...
полз змеею эскорт...триумфальных химер.


Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courb;s.
   Chacun d'eux portait sur son dos une ;norme Chim;re, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain.
   Mais la monstrueuse b;te n';tait pas un poids inerte; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles ;lastiques et puissants; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes ; la poitrine de sa monture; et sa t;te fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers esp;raient ajouter ; la terreur de l'ennemi. Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai o; ils allaient ainsi. Il me r;pondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu';videmment ils allaient quelque part, puisqu'ils ;taient pouss;s par un invincible besoin de marcher.
   Chose curieuse ; noter: aucun de ces voyageurs n'avait l'air irrit; contre la b;te f;roce suspendue ; son cou et coll;e ; son dos; on e;t dit qu'il la consid;rait comme faisant partie de lui-m;me. Tous ces visages fatigu;s et s;rieux ne t;moignaient d'aucun d;sespoir; sous la coupole spleen;tique du ciel, les pieds plong;s dans la poussi;re d'un sol aussi d;sol; que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie r;sign;e de ceux qui sont condamn;s ; esp;rer toujours.
   Et le cort;ge passa ; c;t; de moi et s'enfon;a dans l'atmosph;re de l'horizon, ; l'endroit o; la surface arrondie de la plan;te se d;robe ; la curiosit; du regard humain.
   Et pendant quelques instants je m'obstinai ; vouloir comprendre ce myst;re; mais bient;t l'irr;sistible Indiff;rence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accabl; qu'ils ne l';taient eux-m;mes par leurs ;crasantes Chim;res.