Pour faire le portrait de la mort

Ìàðèÿ-Ýëîèçà
/à la mode de Jacques Prevert, "Pour faire le portrait d'un oiseau"/

Pour faire le portrait de la mort
Peindre d’abord la vie.
C’est facile à peindre la vie,
Puisque la vie, c’est la naissance,
Et la naissance n’est qu’une feuille du papier,
Une feuille blanche, vierge, c’est la vie.

Donc, laisser la toile quelque part,
Dans une chambre sans fenetres.
Y venir chaque jour ou chaque nuit
Et raconter des histoires à la toile.

Parler du tout, sans honte – la toile n’a pas d’oreilles ni de bouche –
De vos peurs, de vos desirs, de vos offences, de vos passions, de vos aspirations,
de vos secrets, de vos peches, de vos peches secrets, de vos secrets coupables...
Mais ne pas regarder la toile,
Faire-la absorber vos paroles
Comme une eponge... une eponge de votre ame.

Ca peut durer pendant longtemps,
Mais cela n’a pas d’importance.
Vous sentirez quand il sera temps de terminer le dialogue avec votre conscience.

Alors, prendre la toile, regarder-la –
Reconnaissez-vous votre vie?
Vos peurs, vos desirs, vos offences, vos passions, vos aspirations,
vos secrets, vos peches, vos peches secrets, vos secrets coupables?..
Et puis attendre si vous tombez raide mort.

Si vous n’etes pas mort, c’est mauvais signe,
Signe que vous devez vivre encore un peu.
Mais si vous etes mort, c’est bon signe,
Signe que le tableau est pret.

C’est le portrait de la mort. De votre mort.

Mais vous n’en avez plus besoin.

(11-13/05/2007)